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Edgar Ory
pseudo : aucun pseudo (Asselya)
| Sujet: HAUTS TROUBLES (beani) Ven 16 Nov - 18:50 | |
| Et coule, coule, au fond des eaux agitées, des souvenirs effacés. Le ciel à des couleurs bizarre, un mélange de zébrure rougeoyante et bleutés. Une explosion dans l’air matinal. J’ai froid. Je fume. Comme si ça pouvait me réchauffer. Jaurais mieux fait de prendre une veste, mais j’étais trop pressée. Pressé de passer pour un fou, pour un psychopathe du dimanche, pour une pucelle effarouchée qui court derrière l’amour de sa vie. Pressé de passer pour un con et de faire dans une même journée tout ce que j’aurais refusé de faire avant : demandéer de l’aide et coller au cul de quelqu’un. Je croise les passants, toujours la même question aux lèvres. « Vous savez pas où j’pourrais trouvez Beani Simar ? » Et toujours les même réponses qui mène nulle part, dans l’impasse. On me regarde bizarrement parfois, un petit blanc débarqué de nulle part qui veut trouver un gars dont il n’a pas réellement souvenir, guidé simplement par des troublantes sensations, c’est assez bidon. Si ce n’était pasmoi, je me serais foutu de ma gueule et j’aurais bien raison.
Puis finalement, il a débarqué, ce mec qui en impose pas mal mais qui, malgré tout, me fait ni chaud ni froid. Le type de mec qui me jauge comme si j’étais une menace pour son puant bayou natal. J’ai presque faillis y perdre un œil. Au pire, j’en avais un deuxième. Heureusement, j’ai gardé les deux. Une adresse pour trouver Beani en plus. L’église. A dire vrai, je préfèrerais sans doute me rouler dans des marécages bondés de reptiles prêt à me dévorer en cinq minutes chrono plutôt que de m’aventurer dans ce genre de lieu. Dieu et toutes ses conneries, ce n’est pas vraiment ma came. Pourtant, j’le sais d’avance, je vais ramener mon cul là-bas. Parce que j’ai pas fais tout ça pour rien.
Finalement, je suis comme une ombre fantomatique qui slalome entre les faisceaux de vie. Aussi loin que je me souvienne – ce qui ne remonte pas à bien loin – j’ai toujours pensé que Dieu, c’était juste une connerie, un truc genre légende à la con pour rendre la vie des miséreux un peu plus marante. Parce qu’après tout, quel Dieu accepterait de voir son monde s’embraser par la connerie humaine et la décadence que l’Homme instaure ? Cet aura de violence et le sang qui coule sur les pavés, au nom de quoi ? De la morbide excitation face au sentiment de puissance que les meurtriers possèdent. Alors, entrer dans la maison de Dieu, ça à des allures de bras d’honneur. Tant pis, je peux plus reculer. Puis je le vois déjà. Beani. Il en impose lui aussi. Sans doute à cause de la gueule de six pieds de long qu’il semble entretenir comme une muraille infranchissable.
- C’est pas avec cette tronche que tu vas faire venir du peuple. Ô grande ironie protectrice. J’ai un air détaché, la clope entre les lèvres, en vrai, je flippe. J’ai peut-être pas le souvenir de Beani, je sais en tout cas de quoi il est capable. Tout du moins une partie. Je sais jouer des poings mais pas sur que je fasse le poids face à lui. Heureusement j’ai des bonnes jambes pour détaler. J’me comporte comme une tapette, j’me fais pitié.
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Beani Simar
| Sujet: Re: HAUTS TROUBLES (beani) Lun 19 Nov - 23:41 | |
| Can't you see that you're smothering me, holding too tightly, afraid to lose control ? Je hais ce monde. J'aimerai le sauver, par les flammes. Comment peut-on survivre là où des enfants crèvent, le cul sur le bitume et l'indifférence des passants en plein coeur ? Là où les rêves sont amaigries pour le seul désir d'un billet vert. Là où ma solitude n'est plus qu'une condition humaine, perpétuelle. Dites moi comment. DITE LE MOI. J'ai vu des yeux bleus tourner au gris. J'ai vu des amants séparé, s'aimaient comme on aime à vingt ans, poursuivis par l'amertume des vieilles âmes. L'orage de nos sociétés les ayant à jamais dilué. Chaque pas vacillent, enfoncer dans not'charnier jusqu'au cheville. Je demande grâce. Et sur l'autel d'une communauté infâme les plus belles choses furent sacrifié. Dépecé. Des mains tendues par millier. Pour rien. Détournez le regard ne choque plus personne. Usé. Nous sommes usé par nos propres mensonges. Illusions coulaient dans le béton. J'ai honte, suis-je le seul ? C'est impossible, Seigneur, le prix a payé est si lourd. Et dans l'égoïsme de mes jours je réclame une aide. Pour moi seul. Qu'ils aillent au diable, personne ne mérite d'être sauvé. Alors sauvez moi moi. Et rien. Toujours. Cigarette agonisant contre mes lèvres sèches, je tape du poings sur la table. Le silence répond en s'esclaffant.
Le temps n'est pas quelque chose de linéaire, en vérité. C'est nous et nous seul qui lui prêtons cette incongrue faculté. Je me retrouve donc assis sur un banc, habitude tenace de mes journées, remâchant mes cafards. Leurs progénitures aussi, au passage. Tenant la même position depuis plus de heures je glisse vers l'inertie des humeurs noirs. Les muscles engourdis, ma réflexion tournant dangereusement en rond.
- C’est pas avec cette tronche que tu vas faire venir du peuple.
Interruption subite, je relève la tête, piqué au vif. Seulement les mots restent en suspend. J'étais prêt pour un combat, pour n'importe quelle vulgarité pouvant effacer le trou noir intérieur. Effacer. Très justement. Je n'ai aucune envie d'en entendre parler. Pris à la gorge par une vague de ressentiment, il me faut une bonne dizaine de secondes avant de reculer. De reculer très loin. La foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit. Que le connard ayant avancé cette ineptie soit éventré dans l'instant. Il est la tempête agitant mes entrailles. Le vent qu'il me balance en pleine gueule fait exploser mes poumons. Alvéoles par alvéoles, elle rendent l'âme. Bien que je ne lève jamais drapeau blanc.
- Pas sûr que ta tronche me rende le sourire.
Et en même temps, ma peau le réclame. Corps sans âme, la pression laisse le souffle à genoux. Mise à terre avant la mise en bière. Qu'est c'que tu fais là Edgar ? Tu ne devrais pas même subsister quelque part sur cette putain de planète. Je répugne jusqu'à ton nom, celui-là même qui n'a plus de sens. Pas même pour toi. Je lui attrape la main. Serre à s'en péter les les phalanges et court au dehors. Il nous faudrait trouver un eden subsidiaire, un instant de répit. Car ses paysage connaissent déjà tout de notre histoire. De notre non-histoire. Sous le couvert de arbres pourrissants nous avons échangé trop de baisers, ris à trop de blagues douteuse. Le doute n'est plus permis, Ed, tout a sombré.
- Dégages.
Une ultime fois, ses lèvres. Rapte enragé et douloureux. Nos corps encastré. Ainsi sont-ils. Le cierge est éteint. |
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Edgar Ory
pseudo : aucun pseudo (Asselya)
| Sujet: Re: HAUTS TROUBLES (beani) Jeu 13 Déc - 19:23 | |
| Et coule, coule, au fond des eaux agitées, des souvenirs effacés. Il y a là cet amas de gens, stupides âmes errantes sur un chemin qui ne mènera nulle part. Il y a le monde en déclin qui se consume par sa propre décadence. Il y a l’oublie, les souvenirs amères qui s’éloignent au gré de la douleur qu’on rejette. Il y a le goût âpre du déjà-vu sur lequel on ne pose jamais le doigt, la fébrilité mélange d’effarement et d’une certaine crainte, dérangeante face à l’imposant black qui veut m’arracher les yeux. Il y a beaucoup, beaucoup trop. Des contradictions à en perdre la tête. L’incompréhension face à sa présence. Je suis pas un mec d’ici, je l’ai toujours su. Un instinct qui te fais comprendre que, à l’image d’un lion qui se retrouverait au pôle nord, St john ce sera jamais chez moi. Je fais tâche entre les poupées vaudou et les gri-gri étranges, entre ce Beani qui en impose et tous les autres fous qui gambergent par ici. Je pourrais bien m’enfoncer dans ces putains de marécages, histoire de m’éclipser. Et il a lui. Il n’y a pas d’explication, finalement. Rien de tangible pouvant donner un sens logique à toute cette connerie, à mon obsession bizarre pour ces yeux qui me transperçent et tout l’aura qui émane de lui. Je passe pour un con, je sais. Il est comme une éclipse qui me tue les yeux à force de vouloir la suivre mais que je poursuis quand même. J’en deviendrais aveugle. C’est effrayant. Je suis effrayant.
- Pas sûr que ta tronche me rende le sourire. Répartie cinglante, aussi tranchante que la lame d’un rasoir. Ca ne m’atteint pas, j’ai pris l’habitude même avec le peu souvenirs qui s’entassent dans mon esprit, qui ne me renvoient à la gueule d’un tas de couteau envoyé en plein cœur. Beani, t’as même pas atteint le palpitant. Il a peut-être pas le niveau. Mauvais joueur. Mais ça m’énerve, de me heurter à un mur, de m’éclater la voix face à ce mur insonorisé qui nous sépare. Il m’entend sans m’écouter, me regarde sans me voir. Il est comme ces gens que j’ai trop souvent cotôyé, ceux qui me faisait bouillir le sang dans les veines par leur nonchalance presque prétentieuse. J’aurais déjà dû m’en aller, parce que ça me scie de me faire lyncher comme ça, je vaux mieux que ça. Pas beaucoup mieux, mais un peu tout de même. Et je reste là, à tirer sur ma clope comme un demeuré, parce que je suis toujours persuadé que ma place est là. Je peux pas me retirer de la tête qu’il y a quelque chose de plus que cette haine incompréhensible qu’il me voue.
- Ma tronche à jamais fait sourire personne. Mes mots n’ont aucun sens. J’ai l’impression d’avoir perdu ma répartie, elle a dû se paumer quelque part, elle va bien revenir. J’attends juste de jauger le truc, de voir si il met ma tête sur un piquet immédiatement où s’il préfère jouer avec mes entrailles d’abords. Et je le fixe. Imperceptiblement. Ou presque. Je peux pas m’empêcher de me dire que sa tête n’est pas totalement inconnue, sans jamais réussir à rattraper le courant des souvenirs qui s’est déjà mêlé à la marée du déni. Le contact électrisant de sa main qui s’agrippe à la mienne me donne presque froid dans le dos. Un mélange de frisson plaisant et de crainte affreuse. Ici fini la vie d’Edgar Ory. Pour ultime regard, les pupilles énigmatique de Beani Simar. Je me laisse malgré tout entraîner. Parce que je n’ai pas de raisons de m’éloigner de lui. Où peut-être que j’en ai bien trop.
- Dégages. Je suis prêt. Prêt à sortir une nouvelle remarque idiote. Peut-être prêt à partir aussi. Mais quoique j’eus décidé de faire, je n’en eus pas le temps. Ses lèvres se heurtent aux miennes, baisé âpre. Paradoxe subsistant dans ce monde trop uniformément insignifiant : baisé glaciale et brûlant, douloureusement plaisant, honteusement appréciable. Instinctivement, je recule. Mon poing s’en va, rejoignant la joue de Beani à une vitesse qui m’hallucine moi-même. Réaction à ma surprise, à mon irritation, à ce changement de comportement qui me consume de l’intérieur.
- T’es vraiment qu’un putain de con. Mes mots sont crachés, venin acide qui cherche à le brûler. Ma fébrilité est une énergie qui devient rage. J’ai les souvenirs qui frappent au coin du cœur pour émerger de leur trou noir. Mais rien ne sort. Est-ce moi qui m’en empêche ? Peut-être qu’inconsciemment, je refuse de me souvenir. J’ai mal au palpitant qui fait des vrilles dans ma cage thoracique. Je mets ça sur le compte de la colère, parce que le déni à toujours été plus simple.
- Dis-moi ! Dis-moi Beani, qu’est-ce que j’ai bien pu te faire. Ce n’est pas une requête. Ce n’est pas une demande poli. C’est un cri. Un hurlement dérangeant dans le silence du lieu où il m’a traîné. Un souffle de haine qui se consume dans une ardente douleur.
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