SHADY WATERS
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 Dance when you're perfectly free ▲ Didy

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Dejan Phantom

Dejan Phantom

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localisation : Sur l'autre mer, mec. (Montréal)
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MessageSujet: Dance when you're perfectly free ▲ Didy   Dance when you're perfectly free ▲ Didy EmptyMer 7 Nov - 18:33

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Ça bouge. Tout autour de lui, les gens dansent jusqu’à en perdre le souffle, jusqu’à en perdre leur âme. Ils dansent sans préavis, sans porter attention aux déboires bien trop nombreux du monde. Ils dansent, ils oublient. Le temps d’un mouvement, le monde n’a plus d’importance. La musique, lourde et assourdissante, résonnent jusqu’au plus creux de son âme. Dejan ferme les yeux une seconde, se laisse emporter par la transe, comme tous les autres. Il oublie, tout bonnement. Les corps se mêlent, s’entortillent et puis s’abandonnent. Il en fait de même sans y prêter grande importance. Tout autour, les cadavres de blé d’inde les camouflent et les englobent dans une bulle de réconfort, dans une bulle illusoire qui les envoie dans un autre monde. Plus rien n’existe, et Dejan en est bien heureux. Il oublie, le temps d’un mouvement, les pensées infinies qui lui traversent l’esprit. Il oublie toutes les petites idioties qui peuvent se frayer un chemin dans sa vie, et puis il s’abandonne. Les yeux fermés, le corps soudé à celui d’une charmante créature, il ne fait que se mouvoir aux rythmes divers et endiablés de la musique, vivant tout bonnement l’instant présent.

Ses yeux s’ouvrent au bout d’un moment, affrontant de nouveau le monde qui s’impose à lui. Il voit les corps se mouvant et entend la musique qui tonne lourdement. La caresse du vent emplit son corps de multiples frissons, dû à la fine couche de sueur qui a pris place sur sa peau. Et pourtant, Dejan sourit. Dans la danse, dans la décadence de l’instant, il se sent de nouveau sur l’île de la tortue, il revit de nouveau ces multiples moments où il sortait le soir avec ses amis pour danser jusqu’à ce que la lune disparaisse du ciel, emportant avec elle ses enfants les petites étoiles. Il s’abandonne dans de souvenirs bien légers, oublie les histoires de fantômes, de vaudous et de démons qui ne cessent de résonner aux creux de ses oreilles, et danse comme si le lendemain n’était pas chose attendue.

Il vit. Tout bonnement, il vit.

Au bout d’un moment, comme toute chose formidable, la musique se tait le temps d’un soupir. Les yeux marrons de Dédé s’ouvre sur le monde, et passant une main dans ses cheveux, il croise du regard une douce créature qu’il affectionne. Didy. Belle et grande, douce et forte, elle danse avec l’absence de musique, s’abandonne comme tous les autres. Et pourtant, au travers de cette ressemblance à la foule, elle s’en détache totalement d’une manière mystique. Et sourcil haussé, l’âme intéressé, Dejan s’avance vers elle. Il la caresse librement du regard, admire ses avantages et sa grâce, pour au final aventurer l’une de ses mains jusqu’à ses fesses qu’il ne peut s’empêcher de claquer sans aucune retenue. Il s’attend à une remarque, à une gifle, peut-être – après tout, il en a déjà eu plusieurs, pour ce geste quelque peu vulgaire – alors il s’active pour déposer un baiser délicat sur sa joue, et envahir son champ de vision.

Sa main se plonge dans l’une des poches de son pantalon rose – son préféré, certainement – et il en sort un collier quelque peu particulier, dont la chaîne semble si longue qu’il doit étirer considérablement son bras. Et accompagné d’un sourire, il plonge ses yeux dans ceux de la petite étrangeté qui lui fait face, et ses doigts ouvrent le collier, le passant au-dessus de sa tête et l’enfilant autour de son cou. La chaîne, longue et argenté, se fait une place entre ses clavicules et sa poitrine, le pendentif abandonné se déposant quelque part près de son nombril. « J’ai pensé à toi, quand je l’ai trouvé. » Autour d’eux, la danse reprend d’un mouvement collectif, la musique s’élève d’un ton plus grave et assourdissant. Dejan fronce des sourcils, presque scandalisé qu’elle ose repartir au début de leur conversation. Ou peut-être a-t-il tout simplement oublié où ils se trouvent. Peu importe, au final.

Sans penser et sans demander, ses doigts rejoignent ceux de Didy et s’y entremêlent, son corps épousant un instant le sien. Il lui adresse un sourire en coin, plonge ses yeux au fond des siens. Et puis d’un mouvement délicat, il s’aventure d’un pas presque dansant au milieu des blés d’indes abandonnés, quittant ce rond de danse pour s’éloigner de la musique.


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Didy Saw

Didy Saw

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avatar : Ranya Mordanova
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MessageSujet: Re: Dance when you're perfectly free ▲ Didy   Dance when you're perfectly free ▲ Didy EmptyJeu 8 Nov - 2:11

Le son est étrange et incongru au beau milieu de la nature. La terre vibre et bouge et se meut sous ses pieds, meuble, molle et humide. Des épis malmenés entourent des caisses de son éclaboussées de boue, posées sur des planches de bois minces. Ses pieds sont enfoncés dans une paire de bottes en caoutchouc, noires avec de grosses étoiles colorées. Elle porte des chaussettes en laine épaisse à l’intérieur, pour se protéger du froid et de l’humidité. Pourtant il ne fait pas si froid, au milieu de tous ces corps qui bougent et s’entrechoquent, se repoussent et s’attirent, tournoient et virevoltent. Il fait même plutôt chaud, et ses bras maigres sont nus sous la brise d’automne. Ses cheveux noirs encadrent sa tête comme une lourde jupe quand elle tourne, les mèches folles caressent ses joues pâles. Elle est grande, mince, pâle, comme une apparition au milieu de tous ces êtres vivants. Elle est vivante, elle aussi. Faite de chair et d’os, même si elle passe inaperçue parmi ses semblables.

Et elle tente d’oublier. De retarder le moment où elle devra se faufiler, parler, amadouer et convaincre. Ce moment où elle devra une fois de plus faire face à ce qui la dégoûte le plus en elle. Elle tourne, sans fin, embrasse le ciel, ouvre grand les bras. La musique l’assourdit. Didy saute à pieds joints, tourne, change de cavalier, évolue sans y prêter attention dans la mare de danseurs.

Jusqu’à ce que la musique ne se taise un instant.

Didy ouvre les yeux mais ne s’arrête pas. Enfin, jusqu’à ce qu’une claque retentisse sur son postérieur et l’oblige à se retourner dans un hoquet de surprise, les yeux ronds comme des billes. « Dejan ! » elle souffle, incapable du moindre cri, alors qu’il l’embrasse délicatement sur la pommette. Elle croyait à un pervers, un agresseur, à quelqu’un qui aurait –si elle avait vu plus tard- pris son coude sur le nez et son genou dans l’estomac (ou un peu plus bas). Elle regarde avec curiosité la longue chaîne qui s’étire hors de la poche de Dejan, comme les foulards des magiciens qu’ils extirpent sans fin de leurs poches ou de leurs manches. Un cadeau ? Son cœur s’affole. La chaîne passe autour de son cou et appuie son poids délicat sur sa nuque. Fraîche. Un sourire éclaire son visage anguleux, et Didy enveloppe doucement le pendentif de ses doigts. Une autre chose trouvée, une autre pièce oubliée que Dejan a retournée à la lumière. Il la fascine, avec sa manie de fouiner, fouiller, découvrir toutes ces vieilleries ensevelies dans le temps et l’oubli. « Parce qu’il était abandonné ? » Elle ne détache pas ses yeux de la longue chaîne, touchée par l’attention de Dejan. Le pendentif est ouvragé, pesant, unique. Elle en aurait presque les larmes aux yeux. Elle fixe sur lui ses grandes prunelles marron, alors qu’il enserre ses doigts et l’attire à sa suite.

La musique s’éloigne au rythme de leurs pas, le bruit s’amenuisant à mesure qu’ils s’éloignent de l’épicentre de la fête. Bientôt, ils peuvent parler. « Je vais penser à toi, maintenant, quand je vais le porter. » Penser à l’hispanophone et son accent à couper au couteau, à Sac à main et à la casse remplie de vieux trucs, à l’amour qu’il porte à sa voiture qui devrait prendre sa retraite, toussant et crachotant sans relâche sur la route. « Tu l’as trouvé où ? » Elle est curieuse de le savoir. Dans un coffre de souvenirs ? Dans une vieille boîte à bijoux ? Au fond d’une valise ? Didy se découvre volubile, moulin à paroles, et surtout à questions. « En tout cas il est vraiment joli. Merci. » Et soudain elle se sent endettée, voudrait aussi avoir quelque chose à lui offrir, mais franchement elle ne possède rien, rien qui vaille la peine d’être donné en cadeau, surtout pas maintenant. Elle n’a que ses vêtements et un peu de monnaie, et rien d’autre.

Les épis de maïs bruissent doucement dans le vent, et Didy observe de loin les danseurs, la lumière et l’ombre, le ciel parsemé de points brillants, la Lune en un mince croissant à sa gauche. Son humeur s’assombrit. Chaque nuit est la nuit des monstres, qui se cachent dans les recoins sombres, en attente d’innocents perdus. Elle voudrait retrouver l’oubli bienfaiteur du son beaucoup trop fort et des corps qui se trémoussent, là-bas. Et elle retrouve ses politesses, prononcées avec la rapidité de l’habitude. « Comment tu vas ? » Pas que la réponse ne l’intéresse pas. Mais voilà, c’est vraiment très banal.



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Dejan Phantom

Dejan Phantom

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MessageSujet: Re: Dance when you're perfectly free ▲ Didy   Dance when you're perfectly free ▲ Didy EmptyVen 9 Nov - 3:15

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Dejan aime ce qu’il voit, au fond des yeux de Didy. Bien qu’ils soient sombres et sans intérêts comme les gens se plaisent à dire, Dejan croit que c’est tout le contraire. Il y voit un cœur qui bat à tout va, il y entend une vie qui n’attend qu’à être vécu. Il sourit, parce qu’il apprécie cela. Il voit, tout comme en lui, une autre âme qui ne demande qu’à danser pour oublier. Quelqu’un comme lui, quelqu’un d’à part. Oh, il ne se juge pas comme étant quelqu’un d’exceptionnel. Il ne se voit pas différent des autres. Mais parfois, dans un brin d’illusion, il aime bien y croire, et s’imaginer que les gens qu’il aime, que les gens qui peuplent sa vie sont tout aussi exceptionnels. Qu’ils sont, tous ensemble, une petite marrée d’étoiles filantes que personne ne peut atteindre. Et ce soir, au fond des yeux de cette chère Didy, il y voit l’éclat particulier de l’étoile si formidable qu’elle est, à ses yeux. Alors il sourit, tout bonnement, et un peu égoïste, il l’attire à l’écart de la foule dans l’espoir d’être le seul à ses yeux, et d’être également le souvenir le plus mémorable de cette soirée pour elle. Sa voix, douce et fraîche, monte à ses oreilles. Abandonné. Dejan ne peut contrôler le sourire qui fleurit sur ses lèvres, et secoue la tête, alors que sa main agrippe la sienne. Il la tire à sa suite, doucement, toute en lui répondant, le coin de ses yeux toujours en contact avec les siens. « Non, parce qu’il a été retrouvé, plutôt. » son sourire s’agrandit, son cœur bat plus fort. La musique, forte et battante, assomme un peu sa voix. Lui vole son émotion. Il se retourne, avance un peu plus vite. Dejan aime la musique, mais parfois, il ne l’aime plus tout autant.

Doucement, elle s’efface donc. Les battements de son cœur semblent de plus en plus forts alors qu’ils s’éloignent, et au final, il n’entend que cela, mêlé aux bruits de leurs bottes. Un sursaut le prend, bien léger, lorsque la voix de la brune s’élève dans les airs de nouveau. Il tourne un regard intrigué dans sa direction, voir même surpris. Avait-il oublié sa présence, déjà? Qui sait. Dejan se perd et se retrouve sans cesse, un peu comme les objets de la casse. Il lui faut un moment pour comprendre les paroles qui se sont glissés hors des lèvres de son amie, et lorsque son cerveau fait la connexion, un sourire fleurit sur ses lèvres. Sa tête, penchée vers la gauche un instant plus tôt, se redresse. « Oh, c’est gentil. » Ses doigts glissent contre les siens alors qu’il stoppe le pas. « Tu ne penses pas à moi tout le temps, alors? » Il l’observe un sourcil haussé, avant de laisser un rire léger quitter ses lèvres. Une de ses mains se perd dans ses cheveux, puis se stoppe et reproduit le même mouvement dans ceux de la jeune femme. Il sourit, car ils sont doux.

Il reste un moment comme ça, puis s’éloigne. Il écoute attentivement le bruit de ses bottes contre la boue, s’extase un instant comme un enfant en les enfonçant de nouveau, puis en soulevant les pieds. Il cherche un coin, un peu à l’œil, où il pourrait se poser sans trop salir son pantalon préféré. Mais au final, il ne trouve pas grand-chose. La voix de Didy fend de nouveau l’air, et puis capte son attention. Dejan revient à elle, fasciné encore un instant par sa beauté, par tout ce qu’elle peut bien dégager, et puis il écoute en retard. Les mots fendent l’air, s’entortillent et puis s’écartent, et au final, il les comprend. « Il était dans le coffre à gant d’une vieille voiture. Elle date des années 40, je crois. Habillée de trous de balles, la voiture. Du belle l’art. » un instant, il a l’impression que ses mots l’ont rendus tristes. Il fronce des sourcils, pince les lèvres. Et puis au loin, la musique s’envole et danse, libre dans l’air.

Le temps passe…court, long, peu importe. Il l’observe alors qu’elle guette au loin, et il se demande à quoi elle pense, sur quoi elle danse. Un instant, il a envie de la prendre dans ses bras, de la ramener contre son corps et puis de valser en sa compagnie, et cela malgré le fait que la musique ne se lie pas au mouvement. Il veut voit un sourire naître sur ses lèvres, et puis entendre son rire s’élever avec le vent. Un sourire amusé se forme sur ses lèvres alors qu’elle lui demande naïvement s’il va bien. Il s’étonne qu’elle ose parler de banalité avec lui alors qu’ils n’ont pas grand-chose de banal, tous les deux, au final. « J’sais pas…» Il attire son regard, fait naître un sourire sur ses lèvres. La tête penchée sur le côté, il lui présente ses bras, l’invite à se joindre à lui. Doucement, il avance. Ses doigts effleurèrent les siens de nouveau, un sourire grandit encore sur ses lèvres. Lentement, alors que la musique se fait de plus en plus mouvementée, il ralentit, soulève leur bras haut vers le ciel, pour au final, la faire tournoyer. Au bout d’un moment, un rire fend l’air. Celui de Didy. Alors il se permet de répondre « Maintenant, ça va. » Il croise son regard, lui échange bien plus de mots ainsi qu’en ouvrant la bouche.

Leurs mains finissent par se quitter, leur corps se rapprochant. Il glisse ses doigts dans le dos de la jeune femme, la serre contre son cœur un instant. La musique s’efface, laissant place à leurs deux battements bien distinctifs, chacun rebelle de leur propre loi. « A quien dan, no escoje.* Tu ne me dois rien. Tu me donnes déjà assez, avec ce si beau sourire » Il lui en vole un par ses mots, et bien heureux, il la fait tournoyer de nouveau.

* Qui reçoit, n'a pas le choix.



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